L’approche non directive créatrice et l’amour de soi

L’approche non directive créatrice (ANDCMD) a été fondée par Colette Portelance. Spécialiste de la communication et des relations humaines, madame Portelance est thérapeute et formatrice, pédagogue chevronnée et conférencière internationale. Elle est également l’auteure de nombreux ouvrages1 dans le domaine de la psychologie et de l’éducation. Elle a créé une approche reconnue dans le domaine de la relation d’aide, approche qu’elle présente dans son ouvrage de Relation d’aide et amour soi publié aux Éditions du CRAM Inc. Dans cet article, nous allons voir en quoi consiste cette approche et ce qu’elle apporte aux gens qui l’utilisent.

Tout d’abord, voyons ce que Colette Portelance dit de son approche : « L’ANDC est une approche relationnelle de nature affective qui favorise le développement de la créativité par le respect du fonctionnement physiologique et psychologique global de l’être humain et par le respect du rythme de progression des étapes de son évolution, de ses processus de changement et de son autocréation. » 2

Le but premier de sa démarche auprès des gens est de favoriser l’harmonisation de toutes leurs dimensions et leur autonomie, de les aider à reprendre le pouvoir sur leur vie, de leur apprendre à communiquer authentiquement, et de les amener à trouver le chemin de l’amour de soi et de la liberté intérieure en présence de l’autre.

C’est cette expérience saine de la relation qui permet à l’aidé de prendre un nouveau chemin vers plus de satisfaction. L’approche non directive créatrice est globale en ce sens qu’elle respecte le rythme de croissance de chacun et prend en considération les quatre dimensions de l’être humain, c’est‑à‑dire le rationnel, l’émotionnel, le corps et la spiritualité. Cette approche est non directive, car Colette Portelance croit que les réponses et les solutions à notre bien-être se trouvent à l’intérieur de nous. Maintenant, parlons de la non-directivité.

On ne peut pas parler de non-directivité sans parler de Carl Rogers. Psychologue humaniste américain, il est le fondateur de la psychothérapie non –directive, approche centrée sur le client et reposant sur la certitude que ce dernier possède le potentiel de se réaliser et la solution à ses propres problèmes. Madame Portelance s’est inspirée d la non-directivité de l’approche rogérienne et y a ajouté des éléments de directivité pour créer la dialectique directivité/non-directivité.

Approche humaniste, l’écoute du monde émotif du thérapeute revêt une grande importance, non seulement pour éviter de mélanger son vécu avec celui de son client, mais également pour éviter de se défendre en rejetant ce dernier. C’est uniquement lorsque le thérapeute entre dans un état d’amour réel de soi et de l’autre qu’il peut inspirer les aidés vers la transformation et le changement, d’où l’importance de prendre en charge sa responsabilité et son vécu.

Au sujet de la pratique de la relation d’aide, Mme Portelance dit : « Je suis maintenant convaincue que faire de la relation d’aide, c’est s’aimer assez, aimer assez l’être humain et aimer suffisamment ce qu’on fait pour que chaque personne avec qui on travaille se sente tellement importante à nos yeux qu’elle apprenne à reconnaître sa valeur, à manifester sa différence et à exploiter son potentiel créateur. »3

Cette influence est incontournable. Elle a une portée déterminante sur le plan de l’équilibre psychique. C’est au travers du travail sur lui-même, en prenant l’entière responsabilité de ce qu’il vit et par l’acceptation et l’amour profond de ce qu’il est, que l’aidant est non directif et a une attitude d’amour véritable pour son aidé.

L’amour a un effet propulseur dans la relation d’aide. L’amour de la vie est directement proportionnel à l’amour de soi. L’amour est en soi la capacité d’agir dans le sens de la satisfaction de ses besoins fondamentaux.

Selon moi, le plus important principe de la relation d’aide par l’ANDC, est le respect des besoins fondamentaux. Les besoins affectifs d’un être humain doivent être satisfaits dans l’optique d’un fonctionnement normal, équilibré, harmonieux et satisfaisant, tant au niveau psychologique qu’au niveau physique. Colette Portelance s’est aussi inspirée de la théorie des besoins de la Gestalt-thérapie dans la création de l’approche non directive créatrice. Voici les principaux besoins qu’elle identifie : le besoin d’amour, de sécurité, d’écoute, de reconnaissance, d’affirmation, de liberté et de créativité. La satisfaction des besoins fondamentaux est vitale, car elle est libératrice d’énergie créatrice et propulsive. Génératrice de plaisirs et de joie, elle maintient l’équilibre du fonctionnement hollistique. En tant que thérapeute, pour que le client en arrive à se créer, à être libre et autonome, il est primordial que j’arrive à l’aimer. D’ailleurs, sans cet amour reçu de la part de mes enseignants durant ma formation professionnelle à la relation d’aide par l’ANDC, je n’en serais pas où j’en suis. Aujourd’hui, je suis en mesure de transmettre l’amour et l’acceptation à mes clients. C’est par l’acceptation de ce qu’ils sont et de ce qu’ils vivent que mes clients connaîtront une libération.

Bien qu’il ne soit pas facile d’illustrer une situation aussi abstraite que l’amour et l’acceptation dans une relation, je vais tenter de relever ce défi!

J’ai une cliente que je nommerai Sylvie. Sylvie est venue me rencontrer à la suite d’une situation conflictuelle dans son couple, déclenchée par la réaction de son conjoint vis-à-vis une relation qu’elle entretient avec un de ses collègues de travail. Elle me disait : « Je cherche à comprendre ce que je vis dans ma relation à mon collègue et ce qui me pousse à entretenir cette relation. » Heurtée par les jugements et les questions de son conjoint à ce sujet, Sylvie rationalisait, se justifiait, imaginait des scénarios la rendant fautive, et se sentait même coupable d’entretenir une relation avec un autre homme que son mari. En l’écoutant, j’ai été touchée par le manque de confiance et le doute qui la faisaient tant souffrir.

Les larmes aux yeux et avec une grande empathie, j’ai dit à Sylvie : « Ce qui me touche le plus lorsque je t’écoute, c’est le manque de confiance en toi et le doute de toi-même que tu portes en ce moment devant la réaction de ton mari. » Se sentant acceptée et aimée, ma cliente a pu toucher à la peine, à la culpabilité et à l’impuissance qu’elle vit lorsque son mari la juge et lui prête des intentions. Parce qu’elle me l’avait affirmé, je savais qu’elle n’avait pas trahi son mari. Je voyais clairement que les sentiments que Sylvie éprouvait pour son collègue étaient de l’amitié bâtie sur une relation de longue date. Elle avait besoin que l’on croie en sa vérité! Néanmoins, plusieurs obstacles intérieurs l’empêchaient de répondre à ce besoin, dont le manque de confiance en elle. Comme thérapeute, j’ai reformulé les mots qu’elle me disait : « Ta vérité c’est que ton collègue de travail est un ami de longue date. » Ce réconfort l’a propulsée à entrer en relation avec son mari et à oser dépasser la peur de sa réaction et la peur de le perdre. Elle a même osé lui poser des limites concernant ses questions et interrogations. Il lui a ainsi été possible d’affirmer ses besoins, celui que son mari la croie et celui d’être respectée dans ses limites. Comment ne pas aimer cette femme? Malgré ses peurs et son manque de confiance, elle a su s’aimer et se respecter dans sa relation avec son conjoint, son collègue et même avec moi.

Comme nous venons de le voir, l’approche non directive créatrice de Colette Portelance est une approche du cœur en ce sens qu’elle fait de l’amour sa priorité. L’amour de soi d’abord, ensuite l’amour de l’autre dans sa globalité. Un travail exigeant qui n’a rien de facile. Un travail auquel je crois et dont je suis convaincue des bienfaits dans la durée. Oser rencontrer un TRA, Thérapeute en Relation d’AideMD par l’ANDCMD c’est s’offrir un cadeau pour aller au cœur de soi avec acceptation et amour. Voilà ce que je vous souhaite, chers lecteurs et lectrices. Je vous accueillerai avec plaisir à mes bureaux de Laval et de Montréal, ou par Skype.

  1. Plus de 250 000 exemplaires vendus au Québec, en France, en Belgique et en Suisse.
  2. PORTELANCE, Colette, Relation d’aide et amour de soi, Éditions du CRAM, page 22.
  3. PORTELANCE, Colette, Relation d’aide et amour de soi, Éditions du CRAM, page 531.

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