Dans mon premier article, intitulé L’approche non directive créatrice (l’ANDC) et l’amour de soi, j’ai abordé l’importance de l’amour et de l’accueil dans le rôle du TRAmd, Thérapeute en Relation d’Aide formé selon l’approche non directive créatrice de Colette Portelance. Cet article est le deuxième d’une série que je rédige à partir du travail de recherche que je fais dans le cadre de mes études supérieures avancées. Le sujet de ma recherche est La quête de sa valeur. Pendant trois ans, j’ai observé mes clients et fait des recherches en lien avec la valorisation de l’individu.
Comme TRAmd, Thérapeute en relation d’aide formée au Centre de relation d’aide Montréal, j’ai développé des qualités bien spécifiques afin de venir en aide aux personnes portant des blessures de dévalorisation. Le présent article porte sur la qualité d’écoute du thérapeute pour aider l’individu à trouver sa valeur. La qualité d’écoute de soi et d’écoute de l’autre dans la relation d’aide est une qualité essentielle. L’écoute joue le rôle de point d’ancrage vers la prise en charge des besoins fondamentaux de la personne.
Regardons d’abord ce que dit Carl Rogers, psychologue humaniste américain, fondateur de la psychothérapie non directive au sujet de l’écoute :
« Il n’y a pas d’écoute véritable sans empathie et congruence »1
À ce sujet, voyons maintenant ce que dit Colette Portelance, auteure de l’approche non directive créatrice au sujet de l’écoute thérapeutique :
« En relation d’aide (…), l’écoute avec acceptation suppose de l’aidant qu’il ait acquis les qualités de congruence et d’empathie si chères à Carl Rogers… La congruence est la capacité d’écouter ce qu’on ressent et de l’exprimer comme on le sent, et la capacité de s’accepter et de se montrer comme on est… Pour être empathique, il faut se connaître et s’écouter suffisamment pour ne pas projeter sur l’autre ce qui nous appartient. Le thérapeute empathique est en mesure d’écouter « l’autre » dans ce qu’il est, dans ce qu’il vit et dans ce qu’il fait, et de l’accepter dans sa différence. C’est cette capacité à reconnaître l’autre dans ce qu’il est vraiment qui favorise l’éclosion de la véritable personne. »1
En ce qui concerne l’écoute et les personnes souffrant de dévalorisation, elle dit :
« Je n’insisterai jamais assez sur l’importance de l’écoute pour aider les personnes intérieurement démolies par la dévalorisation et l’absence de valorisation. Quand elles se sentent écoutées, ces personnes éprouvent le sentiment profond d’être importantes pour l’autre, d’être reconnues et d’être comprises, et elles ont surtout le sentiment d’exister. »2
Je vous propose un exemple pour mieux illustrer l’impact de l’écoute en thérapie.
Je travaille avec un client que j’appellerai Henri. Henri éprouve beaucoup de difficulté à exister en relation avec son amie de cœur et se sent souvent inadéquat. Étant donné que nous travaillons ensemble depuis un moment, il se sent de plus en plus en confiance et libre de se montrer sous son vrai jour avec moi durant nos séances de thérapie. Durant une séance, il exprimait à quel point il trouvait difficile d’entendre son amie de cœur lui parler d’une relation passée avec un autre homme. Juste en m’en parlant, il vivait beaucoup de colère, sous forme de fantasmes de violence et de vengeance. Vraiment touchée de le voir réagir aussi intensément, je lui ai dit : « L’intensité de ce que tu vis en ce moment me touche beaucoup ». Parce qu’il recevait de l’acceptation et du non-jugement dans sa colère, il a pu se donner le droit de ressentir de la haine. L’absence de jugement et l’empathie que je vivais pour Henri, en présence de son intensité, m’ont permis de simplement rester à l’écoute et de lui donner l’espace nécessaire pour exister, ce qui lui a permis de toucher à la souffrance qu’il exprimait en pleurant « J’ai peur de n’être rien, de ne pas être important pour elle. » Saisissant l’importance de ce qu’il venait de dire, j’ai tout simplement reformulé : « Tu as peur. » Grâce à cette intervention, il s’est senti entendu et validé. Il a ainsi réussi à accepter et reconnaître la peur qu’il vivait et à la laisser s’exprimer. Se montrer vulnérable n’était pas chose habituelle pour lui, mais en présence de quelqu’un qui accueille sa colère et sa peur, il a pu sur le moment se sentir exister vraiment pour quelqu’un, c’est-à-dire moi-même.
La prise de conscience qu’il a faite et l’acceptation de son vécu lui ont permis d’être désormais plus sensible à son histoire personnelle. Sa rage, sa haine et ses fantasmes de violence ont fait place à de la sensibilité envers sa blessure de dévalorisation. Il a ainsi fait un premier pas vers un changement majeur dans sa façon de se voir et d’exister en relation avec son amie de cœur et sa vulnérabilité. Il va de soi qu’il lui a fallu beaucoup de temps et d’acceptation de lui-même pour y arriver. Je l’ai vu s’épanouir dans sa différence et ses relations, ce qui confirme l’importance de cette écoute thérapeutique.
Cet exemple illustre à quel point la qualité d’écoute joue un rôle important pour aider la personne souffrant de dévalorisation à voir une image plus juste de sa valeur. Maintenant, je vous invite à regarder à l’intérieur de vous, chers lecteurs. Y a-t-il un espace plus difficile à accueillir dans votre vie? Que ce soit avec un collègue, un parent, un ami, une situation particulière, avez-vous de la difficulté à entendre le message de votre corps ou de votre cœur qui vous fait vivre un conflit? Si vous vivez ce genre de situation, sachez qu’un TRAmd, Thérapeute en Relation d’Aide est un spécialiste de la relation dûment formé pour vous écouter. Je suis à votre disposition pour vous écouter dans vos difficultés et vous amener à vivre plus de bonheur, d’harmonie et de paix, si c’est ce que vous souhaitez. Dans mon prochain article, j’aborderai une autre qualité essentielle de tout thérapeute qui souhaite travailler avec des personnes ayant subi une dévalorisation, pour les aider à reconnaître leurs forces et leurs ressources.
- PORTELANCE, Colette, Relation d’aide et amour de soi, Éditions du CRAM, page 143.
- PORTELANCE, Colette, L’acceptation et le lâcher-prise, Éditions du CRAM, page 168.